Le terme aïkido

Le terme aïkido (aikidō en japonais) est composé de 3 kanji signifiant :

ai ai : du verbe au, concorder
ki ki : énergie
do  : la voie

Aïkido peut donc se traduire par « la voie de la concordance des énergies ». En effet, le terme « concordance » est plus près du sens japonais original de l’aiki comme étant une action de rencontre (explicité dans la composition du kanji) que le terme « harmonisation ». L’« harmonie » peut être le résultat souhaité de la pratique de l’aïkido, mais on ne fait pas d’aïkido sans faire concorder les énergies (ce qu’on fait avant et après, harmonieux ou non, importe peu tant qu’à l’aïkido comme tel).

L’aïkido, par la concordance (« mettre les coeurs ensemble »), amène à un résultat où il sera possible de communiquer avec l’« adversaire », chose impossible si on a dans l’idée de l’harmoniser (« amener à une entente, se mettre d’accord », ce qui est peut-être impossible en partant) ou de le détruire. Un autre problème soulevé est qu’« harmonie » implique souvent une notion d’amitié ou de paix, ce qui est superflu (on ne peut pas être aimé par tout le monde même si soi-même on aime tout le monde). Par exemple, les japonais utilisent le mot wago pour « harmonie », terme composé de « paix » et de « concorder » : en concordant vers la paix, on crée l’harmonie.

Les débuts de l’aïkido au Japon

Après avoir étudié depuis sa jeunesse plusieurs arts martiaux (dont le daito ryu jujutsu) et après avoir fait plusieurs rencontres marquantes, Morihei Ueshiba, fréquemment surnommé O sensei (littéralement « vénérable professeur ») par les pratiquants en raison de la maîtrise qu’il avait des arts martiaux, se décida à transmettre ce qu’il avait appris pour le bien de l’humanité. Au début, il nomma son style aiki jujutsu et plus tard aikibudo ou aikinomichi.

hombudojo

Le premier dojo fondé par Maître Ueshiba en 1927 est le kobukan, qui se nomme maintenant l’Aikikai Hombu Dojo, et se trouve à Tokyo dans le quartier de Shinjuku. Il y enseignait la majeure partie du curriculum du daito ryu jujutsu tel que lui avait transmis Sokaku Takeda et des techniques de kenjutsu et de jojutsu adaptées à son art qui se voulait plus « pacifique ». C’est aussi à ce moment qu’il décida de couper les liens entre son enseignement martial et la secte Omoto-kyo.

Durant les années 30, la popularité et la réputation de Morihei Ueshiba ne cessa de grandir, ce qui amena plusieurs haut gradés d’autres écoles de budo à joindre l’organisation de Morihei Ueshiba.

L’aïkido que pratiquait à cette époque le fondateur était encore très proche du daito ryu jujutsu. Il s’agissait là d’un aïkido plus ferme, voire plus violent que celui qu’il développa par la suite. Nombre de ses élèves de l’époque perpétuèrent ce style aujourd’hui connu sous le nom d’Aikibudo. Notons aussi au passage le style Yoshinkan initié par Gozo Shioda qui étudia également sous la direction du fondateur à cette époque. Ce style est celui utilisé par la police japonaise.

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M. Ueshiba en 1940

En 1940, O sensei eut une seconde vision : oubliant toutes les techniques qu’il avait apprises jusque-là, il put les voir sous un autre angle, non plus comme de simples moyens pour projeter ou immobiliser un adversaire mais comme un véhicule pour la cultivation de la vie, de la connaissance, de la vertu et du bon sens. C’est à ce moment que l’aïkido fluide et sans obstructions des dernières années de O sensei est né.

En 1942, après son retour de Mandchourie, Morihei Ueshiba décida dorénavant d’utiliser le terme aïkido pour son art. Il fonda la même année un dojo et un temple dédié à l’aïkido à Iwama.

L’aïkido d’après-guerre

La fin de la Seconde Guerre mondiale vit un hiatus dans l’enseignement de tous les arts martiaux japonais et l’aïkido fut le premier, en 1948, à pouvoir rouvrir les portes de ses dojo. Ayant toujours vu son art comme un cadeau à l’humanité, Morihei Ueshiba fit tout en son pouvoir, lui qui ne connaissait que le japonais, pour promouvoir l’aïkido au niveau international en envoyant des attachés dans plusieurs pays européens ainsi qu’en Amérique et en acceptant toujours les étrangers qui voulaient pratiquer au Japon (et qui avaient la détermination requise !).

C’est aussi dans cette période d’après-guerre qu’Osensei commença à donner des démonstrations publiques de son art, ce qui contribua à en augmenter la visibilité auprès du public japonais.

L’aïkido contemporain

La forme la plus répandue de l’aïkido doit beaucoup à Kisshōmaru Ueshiba, le premier dōshu (référent mondial pour la pratique, littéralement « maître de la voie » ou « guide du groupe de ceux qui suivent la voie de l’aïkido ») et fils du créateur. En effet, l’aïkido était essentiellement enseigné sous la forme d’une expérience, par la pratique. Cette manière d’enseigner, typique des écoles traditionnelles (ryu), était peu adaptée à la mentalité moderne et à la volonté de diffusion internationale. Kisshōmaru fit donc un grand travail de « verbalisation », en mettant en place une nomenclature des techniques et en mettant en avant la transmission verbale en plus de la démonstration par l’exemple. Ce souci de pédagogie l’amena également à revoir l’exécution de certaines techniques, les rendants plus accessibles et adaptées aux aspirations modernes.

Le fondateur de l’aïkido ne s’est que peu préoccupé de la transmission de son art, se retirant dès la fin de la guerre dans le petit village d’Iwama. Ce sont essentiellement à ses élèves les plus avancés qu’incombe la responsabilité de la diffusion internationale de l’aïkido. Fort peu de ces derniers restèrent longtemps étudier au côté du fondateur dans sa retraite. Il en résulte aujourd’hui une multitude de styles d’aïkido, chacun des élèves du fondateur ayant mit un apport personnel dans la pratique qu’il a par la suite transmis. Cette variété de style est à l’origine de nombreux conflits qui perdurent encore aujourd’hui.

On peut facilement avancer que chaque pratiquant, par sa technique, sa constitution physique et son attitude, pratique un aiki différent et que toutes ces formes se retrouvent dans le principe, dans la « voie » de l’aiki, l’aïkido.

(source : Wikipédia)